17 mars 2012

LE SERPENT QUI GUÉRIT


Évite le mal tant que tu peux, mais quand il te rattrape, te coince, t’assiège, te harcèle, t’envahit, quand il prend le dessus sur toi, te gagne, te possède, te domine, tourne-toi vers lui. Regarde-le dans les yeux, fais-lui un grand sourire, ouvre-lui ta porte, fais-le entrer chez toi, accueille-le comme un ami. Ce faisant, tu vas le désarçonner. Son adrénaline va baisser de moitié. Sa tension artérielle va chuter, son rythme cardiaque va se couper en deux. Il ne saura plus quoi faire de ses griffes et de ses dents. Il va se sentir embarrassé, gêné, confus, peut-être honteux.

Tu lui diras : « Tu n’es pas mon ennemi, car tu fais partie de moi. Tu es mon frère jumeau non compris et mal aimé. Assieds-toi. Reprends ton souffle. Mets-toi à l’aise. Sois le bienvenu chez toi!

Tu es tout ce que je ne veux pas être; tu es cette partie de moi-même que je rejette, je déteste, que je m’efforce depuis toujours de refouler dans les recoins les plus reculés de mon être. Tu es tout ce que je déteste de moi-même. Toi, tu m’aimes, car tu n’as pas de vie sans moi, et moi je te hais parce que je crois que c’est toi qui gâches ma vie. Pourtant, tu es la moitié de moi-même. Toi tu es Abel, moi je suis Caïn.

Jamais je n’ai réussi à t’expulser entièrement de moi, et c’est heureux, car j’aurais perdu la moitié de ce que je suis, et je serais mort. Plus je me bats contre toi plus je me fais mal. Boomerang.

Aussi bien faire la paix. Se parler. Tenter de se comprendre. Si tu es malade, c’est parce que je t’ai haï toute ma vie. La maladie que tu m’apportes, c’est moi qui te l’ai donnée. Si tu m’empoisonnes, c’est ma faute. Maintenant, il est peut-être trop tard, je ne sais pas. Mais faisons la paix avant de mourir.

Tu n’as pas de cornes, tu n’as pas de griffes, tu n’es pas méchant. C’est moi qui t’ai imaginé comme ça. Tu n’es pas intraitable, tu n’es pas laid, tu n’es pas sot, tu n’es pas un monstre ni un démon.

« Moïse façonna donc un serpent d’airain… Si quelqu’un était mordu par un serpent, il regardait le serpent d’airain et restait en vie » (Nb 21, 9).

« De même que Moïse a hissé le serpent au désert, il faut que le Fils de l’Homme soit suspendu, afin que tous ceux qui lui font confiance aient la vie sans fin » (Jn 3, 14-15).

Jésus déchiqueté et suspendu à la croix est le miroir qui me renvoie l’image de mon mal et du mal de l’humanité. Là se cachent le visage de Dieu et le commencement de ma guérison.

                                                                   Eloy Roy


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